« Les écrivains américains à Montparnasse pendant l’entre-deux-guerres », jeudi 19 mars 2015

Au cours des années fastes de Montparnasse (les années 1920), parmi les nombreux artistes et écrivains étrangers qui s’étaient donnés rendez-vous en ce lieu, les citoyens du Nouveau Monde formaient une importante colonie. Pour ces jeunes Américains débarquant dans la capitale française, Paris est alors synonyme de fête et de liberté. A Montparnasse, ils vont fréquenter les cafés et les nombreuses boîtes de nuit qui viennent d’ouvrir leurs portes : le Jockey (où la fameuse Kiki de Montparnasse, l’égérie de Man Ray, régnait en reine incontestée du bal), la Boule Blanche, le Sélect (ouvert toute la nuit), la Jungle, le Sphinx, le Dôme, la Coupole, etc…
Paris est à cette époque le centre mondial des arts, comme l’écrit Elsa Triolet dans Le rendez-vous des étrangers (1956) : Les gens de Montparnasse formaient une sorte de Légion Etrangère qui n’avait aucun crime sur la conscience, autre que celui de se trouver loin de son pays, de son milieu […] Ce n’étaient ni des exilés, ni des émigrés, c’étaient des pèlerins venus à Paris pour ce petit boulevard où se font les peintres. C’étaient des gens qui n’avaient qu’une seule patrie, l’Art! Parmi les grands artistes du début du 20e siècle à avoir séjourné à Montparnasse, on peut citer : Picasso, Modigliani, Brancusi, Chagall, Foujita, Matisse, Pascin (surnommé le Prince de Montparnasse ; d’origine bulgare, il prit la nationalité américaine en 1920)…
Mais qui sont donc ces jeunes Américains? Ils ont pour nom : Ernest Hemingway, Ezra Pound, William Carlos Williams, John Dos Passos, Francis Scott Fitzgerald… mais aussi le photographe et surréaliste Man Ray ou bien encore le sculpteur Alexander Calder. A leur arrivée à Paris, ils ont la chance de pouvoir rencontrer des compatriotes bien intégrés à la vie parisienne. Gertrude Stein, Sylvia Beach (qui édita Ulysse de Joyce), Nathalie Barney, Edith Wharton les reçoivent dans leur salon où se côtoient toutes les grandes figures du Paris artistique de l’époque. Ces années 1920 voient également éclore un grand nombre de petites maisons d’édition anglo-saxonnes qui seront une véritable aubaine pour tous ces jeunes talents venus du Nouveau Monde : Plain, Hours, Black Sun, Contact, Three Mountains Press

A la fin des années 1920, crise économique oblige, les Américains désertent Montparnasse. A rebours de ses compatriotes, Henry Miller arrive à Paris en 1930 : Il a fallu que je sois complètement fauché, désespéré, vivant comme un clochard dans les rues pour que je commence à voir et à aimer le vrai Paris. […] Ce n’est qu’à Paris, en 1930, que je devins moi-même, que j’ai trouvé enfin ma voie. C’est en effet à Paris – et plus particulièrement à Montparnasse – que Miller commence sa carrière d’écrivain en publiant ses premiers ouvrages : Tropique du Cancer (1934) et Tropique du Capricorne (1939). C’est aussi à Montparnasse qu’il commença sa liaison amoureuse avec Anaïs Nin (qui vécut dans un atelier rue Schoelcher, alors qu’elle était jeune mariée). Pour cette dernière, sa rencontre avec Miller fut déterminante pour sa vie d’artiste. Miller et Nin se retrouveront souvent dans un des cafés de Montparnasse. L’écrivain anglais Lawrence Durell se souvient de cette époque : Avec Anaïs Nin, Miller et Perlès, nous étions les trois mousquetaires de la Coupole. On y jouait aux échecs. On peut dire que Perlès  [l’ami autrichien de Miller] y dormait presque. Quant à Anaïs Nin, elle se bagarrait au bar avec ses amants et ses éditeurs.

Circuit de la promenade : Closerie des lilas, rue Campagne-Première, bd Raspail, rue Schoelcher, rue Cels, rue de la Gaîté, rue du Maine, bd Edgar-Quinet, rue Delambre, carrefour Vavin.

RV : 14h30 devant la Closerie des lilas, jeudi 19 mars
Participation : 12 € (10€ pour les adhérents d’Evasions Culturelles)